Et si nous parlions d’argent



La monnaie pour les nuls… Et si nous parlions d’argent ?
Si l’argent est la cause – ultime ou première – de tous les maux, ne faudrait-il pas s’en passer ?
Dans la plupart des manuels d’économie, du moins ceux qui parlent de monnaie –  au sens de monnaie-argent (« money » en anglais) – le lecteur est vite confronté à trois propriétés de cette monnaie qui seraient fondamentales, la propriété, ou fonction, « unité de compte », la propriété « moyen de paiement », et la propriété « réserve de valeur ». Ces propriétés sont certes importantes mais, ce faisant, ce même lecteur risque de passer à côté de la véritable utilité de la monnaie, à savoir permettre aux échanges commerciaux de biens et services de s’effectuer dans des conditions aussi satisfaisantes que possible.
Q. Une économie, sans argent, ou sans « money », ne serait-ce pas le rêve ?
N’allons pas trop vite, et ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que la monnaie ne joue pas pleinement son rôle fondamental, à savoir permettre aux agents économiques de se développer et de commercer aussi efficacement que possible, qu’il faut s’en débarrasser. Il est de fait difficilement envisageable qu’une économie moderne fonctionne sans argent, ou du moins sans argent-monnaie. On pourrait certes, théoriquement, s’en passer, mais, pratiquement, c’est impossible. D’ailleurs, il n’existe sans doute aucune société qui ait réellement fonctionné sans au moins un ersatz d’argent-monnaie, qu’il soit représenté par un coquillage, un caillou, une pièce d’or, ou même un simple bout de papier.
Q. Pourquoi cela ? Je croyais que le plus important, en économie, c’était la capacité de production, en personnel, en équipements, en matériaux de toute sorte ?
Vous avez raison. D’ailleurs, si l’on imaginait un monde sans ces moyens, ou "facteurs", de production, rien ne pourrait être produit. Alors que l’on pourrait, effectivement, imaginer un système économique sans monnaie, mais ce serait tellement compliqué de le faire fonctionner que les éventuels avantages de ce monde sans argent ne compenseraient pas ses principaux manques.
Q. Pourriez-vous préciser tout cela ?
Il y a au moins deux propriétés que devrait avoir toute monnaie, dont la propriété d’unité de compte - pour pouvoir comparer facilement des pommes, des poires, et des… scoubidous. C’est le rôle du prix, que l’unité de compte existe réellement, ou simplement ‘virtuellement’.
On pourra ainsi dire qu’une voiture de telle marque, de tel modèle, vaut 100 000 unités de compte, 100 000 « trucs », et que ce kg de nectarines du marché de Millas vaut 2 unités de compte, 2 « trucs », sans que ce « truc » n’ait nécessairement à exister physiquement, matériellement.
La deuxième propriété, qui transforme réellement une unité de compte, le « truc », en véritable monnaie, c’est le fait que c’est un moyen de paiement, accepté sinon partout, du moins à l’intérieur d’une zone économique, une zone monétaire, bien délimitée, par exemple la France, ou l’Europe, ou les USA, ou la Chine.
Q. C’est ce que l’on appelle un moyen d’échange universel ?
Oui, c’est cela, du moins si l’on comprend bien, restriction importante, que le côté "universel" de ce moyen de paiement n’est effectif qu’à l’intérieur d’un certain "univers", qui peut être relativement réduit. Cet univers, c’était la France, pour le franc Pinay, monnaie instaurée en 1958 et qui a été remplacée, officiellement - et peut être provisoirement - par l’Euro en 2002. Ce franc Pinay a été ‘universellement’ acceptée comme moyen de paiement partout en France. Il avait à la fois cours légal et forcé, forcé  au sens que ce franc, la monnaie française,  ne pouvait être refusé pour un paiement en France : il se trouve qu’il était aussi accepté dans les zones frontalières.
Q. Et si, malgré tout, on vous refusait cette monnaie, ce moyen de paiement ?
En fait, ce refus serait illégal, du moins dans la zone monétaire considérée, la France pour le franc Pinay, l’Eurozone pour l’euro.
Mais, attention, il ne faut pas confondre le concept, le franc ou l’euro, avec son support. Quand vous avez à payer 100 euros, certains supports peuvent vous être refusés. Un chèque, s’il est supposé être sans provision, une carte de paiement, si elle est supposée avoir été volée, ou être sans provision, ou bien encore un billet, s’il paraît suspect.
Mais, en général, le vendeur acceptera au moins l’un de ces supports, sinon tous. Il peut simplement demander à vérifier l’authenticité du support présenté, en aucun cas il ne peut refuser d’accepter l’argent correspondant. Comme je l’ai écrit plus haut, ce serait illégal. L’acheteur potentiel pourrait déposer une plainte contre le vendeur, et ne s’en priverait sans doute pas.
Q. Et si je ne veux pas vendre mon produit de 100 "trucs", 100 euros par exemple, contre un simple morceau de papier sur lequel il y aurait marqué « 100 trucs », ou 100 euros.
Dès lors que vous avez mis en vente un produit ou un service quelconque à un prix de 100 "trucs", vous êtes obligé d’accepter n’importe quel client vous présentant un billet de 100 "trucs", aux restrictions précédentes près. Sinon, ce serait un refus de vente.
Q. Mais qui me prouve que ce billet a la même valeur que mon produit, disons que mes 50 kg de nectarines du marché de Millas ?
Aucun objet, billet de banque, pièce d’argent, smartphone ou autre, n’a une « valeur » intrinsèque, toute ‘valeur’ dépend du contexte, économique, politique, social, humain.Il faut donc être extrêmement prudent lorsque l’on utilise ce mot de valeur, ou de ‘prix’ d’ailleurs. Tout ce que l’on peut dire, à propos de la ‘valeur’ d’une unité monétaire, par exemple en France pour le franc Pinay - ou dans la zone Euro, depuis 2002, pour l’euro – c’est que c’est la banque de France - ou la BCE - qui est censée garantir cette valeur.
Q. Je ne comprends pas. Comment peut-on garantir une ‘valeur’, si cette valeur se modifie au cours du temps ?
Disons alors, c’est que la banque centrale concernée, Banque de France ou Banque Centrale Européenne, garantit que avec un billet de « 100 » (euros ou francs) vous pourrez acheter, au moment même où vous allez utiliser ce billet, n’importe quel produit dont le prix de vente serait égal, à ce moment-là, à 100. La seule possibilité laissée au vendeur, c’est de modifier son prix, s’il pense que son produit vaut davantage : mais une fois que le vendeur potentiel a fixé son prix, il doit accepter toute transaction à ce prix, « produit contre billet » (ou contre chèque, ou contre paiement par CB).
Bien entendu, un billet de 100 euros émis e 2010 aura toujours la valeur ‘nominale’ de 100 euros pendant toute son existence, mais si les prix ont augmenté entre 2010 et 2014, la véritable valeur de ce billet aura diminué, puisque le billet en question ne vous permettra pas d’acheter autant de produits que précédemment.
Q. Mais qui décide que tel billet vaut 100, tel billet vaut 20, tel billet vaut 500 ? Et qui décide de la quantité de billets en circulation ? Je suppose que cette quantité doit correspondre, d’une certaine façon, à la production physique dont vous parliez précédemment ?
Ces questions sont tout à fait légitimes. Pour illustrer mes réponses, je vais prendre l’exemple de la France, dont la production annuelle, fin 2012, avait été évaluée à 2 032 milliards d’euros.
D’après vous, combien faut-il de billets, ou plus exactement quelle devrait être la somme de monnaie mise en circulation pour pouvoir acheter ce PIB ?
Q. Je ne sais pas… Je suppose qu’il y a un piège, et qu’il ne faut pas répondre 2 032 milliards ?
Effectivement, c’est beaucoup moins. Et si je vous disais qu’en moyenne, un même billet sert en moyenne 2 ou 3 fois avant d’être retiré de la circulation ?
Q. Là encore, je sens le piège, même si j’ai bien envie de diviser 2 032 par 2 ou 3 ?
Là encore, vous avez raison de vous méfier. Ce qui compte, ce n’est pas directement la durée de vie d’un billet - d‘autant plus que les billets de 500 euros « tournent moins » (c’est-à-dire passent moins de main en main, ou de poche en poche) que les billets de 5 euros - mais bien le nombre d’échanges monétaires ayant lieu en une année. C’est ce que l’on appelle la vitesse de circulation de la monnaie.
Si cette vitesse était de 10, cela signifierait que l’on aurait seulement eu besoin, en 2012, de 203 milliards d’euros pour pouvoir « se payer » un PIB de 2 032 milliards d’euros.
Q. Et, sous cette hypothèse d’une vitesse de 10, je suppose qu’il aurait simplement fallu que la Banque de France - ou la BCE – « imprime » 203 milliards d’euros ?
Hélas, non, car contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas la Banque de France, ou la BCE, qui sont les seules entités à avoir un pouvoir monétaire. Ce pouvoir monétaire, quoique important, est relativement faible par rapport au pouvoir de création monétaire des banques « commerciales », dites aussi « de second rang », comme le sont en France la BNP, le Crédit Agricole ou la Société Générale ou au Portugal, la Espiritu Sancto.
De fait, on considère qu’il y a 4 à 6 fois plus de monnaie « créée » par les banques "secondaires" que par les banques centrales - ce chiffre de 4 à 6 étant valable pour la zone Euro, et pouvant être différent au Canada, au royaume Uni ou aux USA .
Notons aussi que les « billets » - seule monnaie que les banques secondaires ne peuvent créer- ne sont utilisés qu’à moins de 7% dans les transactions commerciales, le reste des transactions ne mettant en cause que de la monnaie « scripturale », dématérialisée.
Par ailleurs, concrètement et historiquement, la vitesse de circulation de la monnaie, qui n’est pas véritablement constante - elle dépend du contexte économique, de l’état de l’opinion (les  « esprits animaux » décrits par Keynes), de différentes variables financières (taux d’intérêt à plus ou moins long terme, etc.), de la politique monétaire des banques centrales, de l’état des marchés financiers, - n’est pas de 10, mais elle est plutôt légèrement inférieure à 3. Mais même sur ce point, les experts divergents.
Q. Comment cela ? Je suppose qu’il suffit de regarder les chiffres, en supposant qu’ils sont à peu près fiables…
Hélas non. En fait, il y a plusieurs définitions de la monnaie, plusieurs « agrégats monétaires » lesquels, pour compliquer, n’évoluent pas à la même vitesse entre eux, ni par rapport au PIB. Il y a tout d’abord la monnaie dite "centrale", composée des billets - et de quelques pièces - ainsi que des comptes que sont obligées de posséder les banques secondaires auprès de la Banque Centrale.
Fin 2012, il y avait 173 milliards d’euros – sous forme de billets – en circulation en France (c’est une estimation) et 134,5 milliards en « réserves et facilités de dépôt » sur les comptes des banques secondaires auprès de la banque de France, d’où un total de 307,5 milliards d’euros pour cette « base monétaire », ou monnaie centrale.
Q. Dans ce cas-là, la vitesse de circulation, si je divise le PIB par cette base monétaire, serait de l’ordre de 7 ?
Ce calcul est juste, bien sûr, mais ce n’est jamais cette monnaie-là qui est utilisée pour évaluer la vitesse de circulation. Il y a trois autres définitions de la monnaie possible, ou trois dénominations, M1, M2 ou M3, trois ‘agrégats’, suivant que cette monnaie est plus ou moins disponible, plus ou moins liquide.
Q. Si je comprends bien, non seulement la vitesse de circulation est élastique, mais les définitions utilisées peuvent varier ?
En fait, ce qui est véritablement de la monnaie, au sens pratique du terme, est la monnaie M1, celle qui correspond à l’argent que vous pouvez dépenser sans délai, ni restriction.
En décembre 2012, cette masse monétaire - cet agrégat - était évaluée pour la France à 749 milliards d’euros, dont 173 milliards de monnaie centrale "physique", c’est-à-dire de billets imprimés par la banque de France (ou la Banque Centrale Européenne). On retrouverait ainsi, pour vitesse de circulation de la monnaie, un chiffre légèrement inférieur à 3 (2032 divisé par 749)
Q. Dans M1, il y aurait donc près de 600 milliards, 576 milliards d’euros, qui n’auraient pas été créés par la Banque Centrale, BdF ou BCE, mais par les banques secondaires…
Oui, c’est tout à fait cela. Ces 576 milliards, ce sont en fait des dépôts à vue, qui correspondent, le plus souvent, à des prêts que les banques secondaires ont accordés aux entreprises ou aux particuliers.
Q. Mais ces prêts, ces comptes à vue, ils correspondent bien à quelque chose de concret ?
Oui et non. Les banques ont évidemment pris des garanties, réelles ou potentielles, de plus ou moins bonne qualité. Ce peut être des prêts hypothécaires, correspondant donc à quelque chose qui existe déjà, ou qui est en cours de construction. Ce peut être aussi des « garanties » sur des anticipations, sur l’avenir, sur l’idée que l’entreprise ou le ménage qui s’endette va pouvoir rembourser, avec intérêt, le prêt consenti.
Q. Cette création monétaire, c’est plutôt bien, non ? Cela permet de se développer ?
Là encore, oui et non. Il faut bien comprendre que les banques ont une vision microéconomique, relativement myope, des possibilités de remboursement de leurs débiteurs. En période d’euphorie, elles vont trop prêter, d’où des risques de surchauffe, d’inflation. Et, en cas de mauvaise conjoncture, elles ne vont plus prêter assez, ce qui va enfoncer encore davantage l’économie dans la dépression, la récession, la crise.
C’est ce qui s’est passé en 1929, c’est ce qui se passe périodiquement depuis lors, et c’est ce qui se passe depuis 2008. Les banques secondaires ne prêtent plus, ou, quand elles prêtent c’est essentiellement pour des visées spéculatives, pour jouer tel pays contre tel autre, telle action boursière contre telle autre.
Q. Mais comment avoir une vision d’ensemble ?
Seule la puissance publique pourrait avoir une vision d’ensemble, une vision macro-économique, et des moyens d’action, mais les lois sur la concurrence et les traités européens l’empêchent d’utiliser cette éventuelle vision, et la privent de son pouvoir monétaire. Sous prétexte que l’Etat ne devrait pas, ou pas trop, se mêler d’actions économiques, on préfère laisser les banques commerciales créer l’essentiel de l’argent disponible en fonctions d’intérêts privés sans la moindre vision d’ensemble.
La banque de France n’impulse pas, ne peut plus impulser - même si elle le souhaitait - l’économie française. Là encore, c’est la Commission Européenne, la BCE, et parfois le FMI, qui décident à sa place, à la place des autorités françaises, tout en laissant souvent les banques secondaires continuer à prêter à mauvais escient, en fonction de leurs propres objectifs, qui correspondent bien rarement au bien commun dont nous avons parlé précédemment.
Q. Que faudrait-il faire alors ?
Une des solutions possibles, la meilleure selon nous, est celle énoncée sous diverses formes par Fisher puis Allais. Ce serait d’empêcher les banques de créer de la monnaie, et de laisser entièrement ce soin à la Banque de France, qui pourrait ajuster beaucoup plus finement la quantité de monnaie nécessaire aux besoins réels de l’économie.
Mais, bien entendu, ceci n’est pas possible, avec les traités européens actuels.
Q. La BCE a pourtant injecté dans l’Eurozone, fin 2011 et début 2012, des quantités gigantesques de monnaie. C’est ce que l’on appelle, je crois, des facilités monétaires exceptionnelles ou « non conventionnelles », proches du « Quantitative Easing » de la Réserve Fédérale US ?
Vous avez raison. Cette action, qui n’est d’ailleurs pas vraiment conforme aux traités, ni au règlement intérieur de la BCE - mais, apparemment, quand c’est la BCE qui le fait, elle a tous les droits - aurait pu modifier la masse monétaire de l’Eurozone, et plus particulièrement celle disponible en France.
Mais il n’en a rien été.
Q. Pourquoi cela ?
Si la base monétaire a pu être augmentée, au moins momentanément (près de 500 milliards d’euros supplémentaires, pour l’Eurozone, entre nov. 2011 et février 2012), cela n’a eu quasiment aucun effet sur la masse monétaire M1, pour la France comme pour l’Europe.
Seuls les fonds propres des banques ont été impactés, et leurs dettes plus ou moins douteuses - en partie des obligations dites « souveraines » concernant la Grèce, l’Irlande, Chypre, l’Espagne et le Portugal - ont « simplement » été transférées de leur actif à l’actif de la Banque Centrale. Ces mouvements, en fait, avaient d’ailleurs concerné plus de 1000 milliards, 500 milliards représentant une opération de ‘cavalerie’, puisque des prêts de 3 ans ont remplacé des prêts de 15 jours, les autres 500 milliards étant, eux, de la création nette.
Q. Si je vous suis, cela signifierait que la « banque pourrie », la « bad bank » des anglo- saxons, c’est maintenant la BCE ?
Je n’irais pas jusque-là, car pour que la BCE ne s’effondre, il faudrait vraiment une catastrophe planétaire. Une Banque Centrale, aussi mal gérée qu’elle soit, est nécessairement moins fragile qu’une banque secondaire, puisque, en dernier ressort, ce seront les pays concernés, et donc leurs contribuables et leurs épargnants, qui devront, ou devraient, venir à son secours.
Q. Je croyais pourtant que la BCE était indépendante des gouvernements. Comment pourrait-elle demander aux états qu’elle ‘irrigue’ en monnaie, directement ou non, de la renflouer en cas de besoin.
Cette indépendance fait justement partie du problème. La BCE a tous les pouvoirs monétaires, sans aucun contrôle, avec un directoire de six membres qui sont nommés, et non élus, pour 8 ans. Et c’est à eux que l’on confie les rênes du pouvoir monétaire…
Ce sont des responsables « irresponsables » par définition même ; ils ne risquent en effet strictement rien, puisque, contrairement au cas des épargnants et des contribuables qu’ils sont chargés de défendre, les Etats, qui les ont nommés indirectement, se porteront garants pour eux.
Q. Vous avez évoqué ce qu’avait fait la BCE il y a une trentaine de mois. Mais elle vient de prendre une nouvelle mesure, non, censée permettre de relancer l’économie ?
Effectivement, le 5 juin 2014, la BCE a abaissé le taux de refinancement des banques, c’est-à-dire le taux des emprunts qu’elle accorde aux banques de second rang, tout en les incitant à prêter de l’argent elles-mêmes aux entreprises qui en feraient la demande, en les décourageant de laisser cet argent ‘dormir’ dans ses propres coffres par le biais d’un taux d’intérêt négatif.
Q. C’est plutôt bien, non ?
Cette mesure est essentiellement une mesure symbolique et n’aura strictement aucun impact positif sur l’économie réelle, bien au contraire. Les banques commerciales vont en effet pouvoir utiliser ce nouvel argent, ainsi mis à leur disposition pour une durée maximale de 3 ans à la fois pour augmenter leur ratio réserves/bilan mais aussi pour spéculer en Bourse, pour eux-mêmes ou pour le compte de leurs clients.
Emprunter à 0.15 % et  prêter cet argent à 2 ou 3 %, ou encore investir sur des actions dont on attend un rendement supérieur à 10 ou 12 % est plus que tentant, et ce d’autant plus que laisser dormir une partie de cet argent leur coûterait 0.1 %. Les moins hardies de nos banques peuvent d’ailleurs laisser une partie de l’argent prêté dormir, avec une petite pénalité, pour protéger leurs actions spéculatives, et ainsi atténuer encore davantage le risque encouru.
Mais il n’y a aucune raison que les banques, ainsi abreuvées de monnaie ‘centrale’, utilisent davantage cette ‘manne’ pour venir en aide aux entreprises de la « sphère réelle ». Il est donc à craindre que les mesures nouvelles décidées par la BCE profitent essentiellement à la sphère financière.
Q. Une dernière question. Vous avez mentionné d’autres façons de mesurer la monnaie, d’autres agrégats monétaires. Quels sont-ils ?
Oui. Ces autres « mesures de la monnaie » concernent essentiellement l’épargne et ce que l’on appelle aussi parfois la quasi-monnaie. Contentons-nous ici de dire que l’agrégat monétaire M2 contient non seulement la monnaie véritablement disponible immédiatement, c’est-à-dire la somme « dépôts à vue plus billets en circulation » (dans les poches des ménages ou dans les coffres des banques ou des distributeurs automatiques) mais aussi les « dépôts à court moyen terme » (inférieurs à 2 ans).
Cet agrégat M2, pour la France, valait 1514 milliards d’euros en décembre 2012 (contre 749 milliards "seulement" pour M1). C’est ce montant M2, monnaie plus « épargne liquide », que le fonds de garantie, de 2 ou 3 milliards d’euros, est censé garantir en cas de défaillance du système bancaire…



Dans la réforme monétaire proposée par Allais et certains de ses disciples, M1 et la partie court terme de M2 devait être gérée uniquement par la banque centrale, les banques secondaires devant se contenter de gérer cette nouvelle monnaie sans avoir l’autorisation d’en créer une nouvelle. Mais là encore, ceci est une autre histoire, celle d’une proposition connue sous le nom de « 100 % monnaie centrale »

En ce qui concerne le dernier agrégat, appelé M3, il regroupait fin 2012, en plus de M2, environ 430 milliards de divers titres et obligations, plus ou moins liquides car ces milliards potentiels demandent un certain temps pour être convertis en véritable monnaie, au risque parfois d’une décote importante.
Q. Si je comprends bien, la fameuse loi bancaire dont on a tant parlé fin 2013 n’a jamais abordé le fond du problème, à savoir celui d’une politique monétaire qui permettrait à la France d’accompagner la renaissance, si nécessaire, de son industrie et plus généralement de son économie.
C’est vrai. Mais comment en vouloir à un ministre de l’économie qui est, au mieux, un petit (ou grand) commis aux ordres de Bruxelles et de la BCE – ex-ministre dont on parle d’ailleurs comme nouveau commissaire européen, sans doute pour le récompenser de sa médiocrité et de sa soumission aux instructions venues de Bruxelles ou de Francfort. Difficile, dans un tel contexte, de tenter de faire les gros yeux aux banques et à leurs dirigeants, tout en sachant qu’on n’a quasiment aucun pouvoir sur eux, bien au contraire.
Parlez-lui, à cet ex-ministre, de monnaie, il vous répondra « BCE », parlez-lui de politique industrielle, il vous répondra, en faisant des bonds de cabri « croissance, croissance, où es-tu ? », parlez-lui de politique industrielle, il vous répondra « emplois aidés », parlez-lui de pouvoir d’achat il vous répondra « prime de rentrée scolaire et sérieux budgétaire ». Ce pauvre ex-ministre serait presque à plaindre, si le sort de la France n’était pas si mal engagé.
On a évoqué précédemment confiance que l’on pouvait avoir dans une monnaie, tout en laissant entendre que la ‘valeur’ d’une monnaie était tout sauf absolue. On peut cependant établir un lien entre la confiance et la valeur (toujours relative) d’une monnaie, en rappelant que si les prix sont relatifs, la valeur d’une monnaie l’est nécessairement aussi. Il ne peut y avoir d’invariants monétaires, même si l’on peut tenter de rendre les variations d’une monnaie aussi faibles que possible, à la fois dans le temps et dans l’espace. La recherche d’un « étalon de mesure », au sens absolu, ne peut donc qu’être vaine.

Marx s’est cassé les dents sur sa fameuse théorie de la « valeur-travail », puisqu’il ne peut y avoir aucun invariant dans un « objet » économique, bien, service ou moyen de production. Il en est de même pour la valeur d’une « unité monétaire ».  Cela étant, on imagine bien que si l’euro pouvait garder le même pouvoir d’achat d’une année sur l’autre, d’un pays à l’autre, à l’intérieur ou à l’extérieur de la zone euro, on aurait quelque chose de très proche d’un « étalon-monétaire ».
Q. Et c’est le cas ?
Pas vraiment, en particulier vis-à-vis du monde extérieur, il suffit de regarder ses fluctuations vis-à-vis du dollar.
Cela étant, on pourrait penser qu’un euro est plus proche de ce que l’on pourrait demander à un étalon monétaire qu’un « bon d’achat » que la commune de Lignères, par exemple, avait imprimé en 1957, mais même cela n’est pas évident. Si les prix de Lignères, vis-à-vis de ce bon d’achat, sont stables, et si les prix de la zone euro ne le sont pas, on pourrait arguer que, pour les habitants de Lignères, un bon d’achat de 100 unités est un meilleur ‘étalon’ qu’un billet de 10 euros pour les habitants de l’Eurozone.
Q. Alors c’est quoi, un étalon monétaire ?
Je vous retournerai bien la question : c’est quoi, un étalon de mesure ?
Q. Hum, je suppose que cela permet de mesurer, le plus exactement possible, une longueur, une température, une durée…
C’est tout à fait cela, pour les longueurs, dans le système international, c’est le mètre, dont la longueur est fixée à une précision d’une dizaine de décimales, même chose pour le temps, dont la précision est encore plus grande, pour les températures, nous avons les degrés Kelvin, ou Celsius.
Ces exemples nous permettent de mettre en valeur les deux propriétés fondamentales de tout étalon.
Q. C’est-à-dire ?
Un étalon, tout d’abord, doit correspondre à une mesure si possible invariable - dans le temps comme dans l’espace, indépendamment de l’observateur/utilisateur -, ou si ce n’est pas possible, l’étalon doit être tel que ses éventuelles variations doivent pouvoir être calculées de façon objective.
Un mètre ne peut être élastique, même chose pour la durée d’une seconde, précise au milliardième de milliardième.
Dans le domaine monétaire, si l’on prenait comme étalon une marchandise comme le « camembert Le Petit », il faudrait que sa mesure "monétaire" soit invariable, où que l’on puisse calculer à tout moment sa variation par rapport à sa mesure initiale, sans faire référence, bien sûr, à d’autres mesures monétaires.
Q. Et ce n’est pas le cas ?
Pas vraiment. Il suffirait que d’une période sur l’autre, on produise beaucoup plus de camemberts, ou beaucoup moins, de façon non contrôlée par une entité ou une organisation unique pour que la valeur intrinsèque, si l’on peut dire, de cet « étalon camembert » soit profondément modifiée.
Q. Pour le camembert, je veux bien mais pourquoi pas quelque chose de plus difficile à produire, comme de l’or par exemple ?
La valeur de l’or n’est pas invariable, puisqu’elle dépend du contexte économique ou politique, en cas de crise, sa valeur monte, quand tout va bien, sa valeur a tendance à descendre, mais ce n’est pas cela le plus grave.
Q. Que voulez-vous dire par là ?
Tout d’abord, la variation de la valeur monétaire de l’or n’est pas calculable, au sens où les valeurs de telle ou telle marchandise ou de tel ou tel autre bien ne pourront pas lui être facilement comparées.
De plus, et c’est sans doute cela le plus rédhibitoire, il n’y a pas de véritable lien entre la valeur d’une quantité donnée d’or, par exemple un lingot d’un kilo et la valeur des biens et services fournis par l’économie d’un pays, ou d’un ensemble de pays.
Q. Hum… On pourrait peut-être construire un lien arbitraire, par exemple dire que la production de la France en 2012 vaut 5 000 tonnes d’or ?
Certes, mais prenons un exemple. Supposons que la production de la France soit restée « physiquement » la même entre 2012 et 2014 et que, pendant cette période de 2 ans, de nouvelles extractions d’or conduisent à ce que l’or perde de sa rareté ou, à l’inverse, que se passerait-il si cet or était devenu de plus en plus difficile à extraire ? Il serait illogique que la même production soit valorisée différemment.
De fait, ce dont on aurait besoin, c’est d’un étalon que les fluctuations économiques ou de nouveaux procédés ou découvertes ne remettent pas en cause.
Q. Et c’est possible ?
Plus ou moins. Il suffit d’approfondir votre idée - qui est en fait celle de Keynes et de Davidson - et de prendre, en fait, une unité de compte arbitraire, correspondant par exemple à une proportion donnée, et fixée, de la production d’un ensemble de pays, cet étalon « unité de compte » étant d’autant plus intéressant que le nombre de pays adhérant à la définition de cette unité de compte serait important.
Par exemple, si 30 pays, dont certains pays de l’U.E., plus la Russie, le Japon, la Chine, le Brésil, acceptaient de définir cette unité de compte, arbitraire mais ‘presque’ universelle [que certains appellent IMCU, International Money Clearing Unit, mais qui n’est autre qu’un Ecu (European Currency Unit) un peu amélioré] et de l’utiliser comme ‘étalon’.
On pourrait alors décréter que le PIB consolidé de l’ensemble de ces mêmes 30 pays vaudrait par exemple 30 mille milliards d’IMCU - peu importe le chiffre exact à partir du moment où chacun l’accepte. On aurait alors dans ce cas un étalon monétaire tout à fait valable.
Q. Hum… Je ne vois pas bien la différence avec l’Euro actuel, en dehors du fait qu’il y aurait davantage de pays qui accepteraient cet « étalon international » ?
L’énorme différence, c’est que les monnaies nationales continueraient à exister, et que cet IMCU, ou étalon monétaire universel, jouerait essentiellement le rôle d’une unité de compte, ou éventuellement d’une monnaie commune. Cette ‘monnaie commune’ ne servirait que pour équilibrer les échanges internationaux.
Q. Un peu comme les monnaies secondaires émises par des banques secondaires comme la BNP ou le Crédit Agricole sont « compensées », en cas de fuites - c’est-à-dire d’échanges non équilibrés -, par de simples écritures sur les livres de la banque centrale ?
Oui, c’est tout à fait cela, à ceci près qu’il faudrait une chambre de compensation internationale, acceptée par l’ensemble des pays concernés, tenant les comptes, ou plus exactement les soldes, déficitaires ou bénéficiaires, des échanges internationaux entre les différents pays de cette zone monétaire.
Q. Et quelles seraient les prérogatives de cette chambre de compensation internationale ?
Plusieurs économistes ont développé cette idée à la suite de Keynes, parmi lesquels Davidson, et, au niveau français, M. Allais et plus récemment Gabriel Galand. Je vais juste en préciser 3 points essentiels, tout à fait conforme à l’esprit de la charte de La Havane, dont le but, rappelons-le une fois encore, était d’équilibrer les flux de capitaux, de biens, de services (auquel on peut rajouter les flux migratoires) :
a) Les taux de change de chaque monnaie nationale (car il peut fort bien y avoir encore 30 monnaies nationales si 30 pays font partie de cette union monétaire) seraient fixés initialement par chaque pays.
b) Les échanges commerciaux continueraient à se faire contractuellement et à se régler en monnaie nationale (les importateurs de l’Allemagne vers la France payant en marks, les exportateurs correspondant étant payés en francs)
Le point le plus important, celui qui assure une convergence vers l’équilibre des échanges, étant le suivant :
c) Tout pays excédentaire devra s’engager à dépenser son excédent (c’est-à-dire à ne pas accumuler de réserves déséquilibrant en sa faveur ses comptes auprès de la chambre de compensation internationale), de 3 manières possibles :
- en augmentant ses importations provenant des pays déficitaires.
- en investissant dans ces pays déficitaires.
- en fournissant une aide directe financière aux pays en difficulté passagère.
Q. Ce dernier point, une aide financière directe, c’est-à-dire un don, me semble bien utopique…
Vous avez sans doute raison. C’est bien pour cela que les pays excédentaires préféreront réduire leur excédent commercial des deux autres façons, soit en important davantage, soit en investissant à l’extérieur.
Et s’ils ne le font pas ?
La chambre de compensation, au bout d’un certain temps - défini par traité - aura le pouvoir d’effacer ces excédents, en remettant les compteurs à zéro, en répartissant éventuellement ces excédents auprès des pays déficitaires.
Ou bien en modifiant à la hausse le taux de change de la monnaie correspondante vis-à-vis de l’étalon qui, lui, aura toujours la même valeur relative, celle qui aura été décidée au moment de la création de l’IMCU, c’est-à-dire de l’étalon monétaire.
Q. Et vous pensez que c’est réaliste ?
Je le crois, puisque ce dispositif est fait pour garantir une certaine stabilité du système, en assurant une convergence, ou du moins une non-divergence, aux économies concernées. Il est vrai que la charge de ce rééquilibrage dynamique sera confiée aux économies les plus fortes, c’est-à-dire aux entreprises des pays durablement excédentaires : même si, à long terme, elles en bénéficieraient aussi, ce n’est pas forcément évident de leur ‘vendre’ cette idée..
Q. Vous ne croyez pas que cela passera pour de l’assistanat, et que les pays non développés en profiteront pour se laisser vivre, un peu comme ce que l’on a reproché par exemple à l’économie grecque ?
Non, parce que les entreprises, malheureusement ou non, ne réfléchissent pas en tant qu’entités nationales. Si leurs profits risquent d’être confisqués parce que leur pays serait trop riche, elles iront investir à l’étranger, pour le plus grand bien de ces pays initialement déficitaires.
Q. Quelles seraient les conditions pour qu'un ensemble de pays puissent construire un tel système monétaire, autour de ce type d'étalon ?
Il suffirait pour cela que cet ensemble de pays soit à peu près en équilibre (balance des biens et services) avec le "reste du monde". C'était le cas pour l'Eurozone de 2010 et 2011, même si, en 2012, les excédents commerciaux de cette même zone ont avoisiné 80 milliards d’euros, et 154 milliards en 2013, excédents essentiellement dus au solde commercial de l’Allemagne dont les 2/3 de son solde commercial sont maintenant dus à ses échanges extra-européens.
Q. Pourtant, chacun sait qu’il y a des déséquilibres importants à l'intérieur des pays de cette Eurozone…
Certes, mais dès lors que chaque pays pourrait avoir une politique monétaire indépendante, cela ne serait pas si important. Dans le cas d'une unité de compte commune, les problèmes sont plus politiques qu'économiques, même si, bien sûr, rassembler des pays qui seraient initialement en équilibre les uns par rapport aux autres serait préférable.
Mais la mission donnée à la chambre de compensation envisagée permettrait de gommer un certain nombre de différences, si celles-ci ne sont pas trop importantes, et si les parités choisies initialement correspondent vraiment à la puissance économique de chaque pays partenaire.
Q. Deux dernières questions. Cet ‘étalon’ monétaire, cet IMCU, serait-il vraiment un… étalon ?
Sous les conditions envisagées, absolument, avec les restrictions déjà apportées sur le fait qu’un « étalon monétaire » ne peut être un ‘véritable’ étalon, au sens des mesures physiques traditionnelles de distance, de température ou de durée.
En fait, l'IMCU ou étalon monétaire est un indice des prix un peu amélioré, d'autant plus stable qu'il serait ‘assis’, ou appuyé, sur le PIB de plusieurs pays dont les économies auraient presque l'obligation de « marcher au même pas », vu que la chambre de compensation envisagée aurait pour mission essentielle d'éviter l'émergence de déséquilibres permanents.
L'IMCU 2014, ou 2017, ne verrait pas sa valeur ‘économique’ ou ‘monétaire’ changer au cours des années, même si la parité des différentes monnaies, dollar, yen, réal ou… franc, pourrait éventuellement varier quelque peu. Ces diverses parités seraient en effet soumises à la force de rappel d'une chambre de compensation ad hoc luttant systématiquement contre tout désordre potentiellement centrifuge d'économies insuffisamment coopératives.
Plus précisément, tout devrait être fait pour que, à l’intérieur de la zone économique concernée, cet étalon monétaire conserve la même valeur quelle que soit l’évolution du cours des monnaies nationales.
Ce n’est que vis-à-vis du « monde extérieur » que la question de l’étalonnage de l’étalon peut, et pourrait se poser, et ce d’autant plus que le « monde extérieur » serait relativement important par rapport à la zone initiale.
Q. Justement, c’était ma dernière question. Comment allez-vous régler ce problème de conversion entre l’étalon interne et les monnaies "extérieures" ?
Là encore, l’esprit de la charte de la Havane peut nous guider même si, dans ce cadre, il n’est pas possible de supposer qu’il y ait des taux de change fixes, même ajustables, entre deux étalons différents. Il est à espérer, sinon à prévoir, que ces pseudo-étalons suivront, peu ou prou, l’évolution des soldes commerciaux des zones économiques considérées, il n’est de l’intérêt d’aucune de ces zones d’avoir un déséquilibre commercial persistant.
Quoi qu’il en soit, ce système d’étalon ou d’étalons, n’a pas pour but de résoudre tous les problèmes monétaires soulevés par les échanges internationaux, mais déjà de diminuer fortement voire de faire disparaître, à l’intérieur d’une même zone, les problèmes de distorsions économiques entre les différents pays membres.
Par ailleurs, rien n’empêche d’autres zones de se former de la même manière. S’il n’y a que 2 ou 3 zones d’importance comparable, les échanges entre ces différentes zones, même avec des étalons différents, n’en seront que plus faciles, la fixation des taux de change et de parité étant beaucoup plus transparente et efficace que dans la situation présente.
Q. Et si le franc, par exemple, avait une parité initiale de 1 IMCU, que se passerait-il si cette parité passait à 0,8 IMCU ? Comment réagirait cet étalon, si, du jour au lendemain le même montant d’ICMU permet d’acheter une plus grande quantité de biens que précédemment ?
Les règles de fonctionnement de l’étalon monétaire, votre ICMU - ou nouvel Ecu - et du système monétaire associé sont telles que cette dépréciation relative du franc ne peut se faire sans raison objective. Dans le cas présent, ce serait nécessairement parce que le solde commercial de la France serait devenu extrêmement négatif par rapport aux autres pays de la zone monétaire envisagée (ce qui signifie que d’autres pays seraient devenus excédentaires par rapport à la France).
Les diverses fluctuations du PIB global de la zone monétaire se compenseraient presque entièrement, sans modifier le pouvoir d'achat unitaire de l'étalon.
La valeur globale de l’étalon - et donc sa valeur relative - en serait donc extrêmement peu affectée.

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